La beauté console
Confession
Je t'attendais déjà aux mâtines… Personne!
J'ai fait le guet aux laudes… Tu n'étais pas là.
Tu n'étais pas à la prime.
À la tierce non plus.Je ne t'ai pas aperçue à l'heure sexte, entre deux bâillements et trois battements de paupières.
À la none, je ne t'ai pas vue.
À l'office du soir, je t'ai cherchée en vain.
J'ai eu les vêpres et les complies pour me faire à l'idée que tu ne viendrais pas.
Après tout, tu n'avais pas dit que tu viendrais.
Puis le soir, assoupi de tout mon long sur quatre chaises d'église, dans des reliquats d'encens, de cire vierge et de vieilles étoffes, sous le regard de plâtre peint de quatorze statues hiératiques, pointant leur index, qui vers le ciel, qui dans ma direction, j'ai rêvé, je le confesse… des rêves polissons.
Dieu, que c'est bon!
Extrait de 'Potacheries poétiques', poésie de Bernard Tirtiaux
Serait-il plausible qu'à l'avenir, nos vieilles églises déclassées et vouées à la désacralisation ne puissent plus abriter les rêveries secrètes d'adolescents en recherche d'eux-mêmes, à l'abri des regards, dans le calme absolu d'un espace de paix et de sérénité, sous l'oeil bienveillant de statues en décomposition.